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Philosophie / ésotérisme: le UN peut-il s'individuer ?

  • Photo du rédacteur: F. Brice Dupuy
    F. Brice Dupuy
  • 6 juil. 2021
  • 6 min de lecture


J'entretiens une correspondance avec un 'frère', qui a quasiment le même âge que mes parents et qui a vécu des choses similaires comme l'horreur de la guerre d'Algérie.


Ces propos m’importent et m’apportent toujours autant. J’ai eu envie ou besoin de réagir à deux thèmes qu'il a abordés plus ou moins indirectement :


1) me suis-je moi aussi ‘vautré’ quelques fois dans l’abîme qui sépare le plan terrestre et celui du ‘JE SUIS’ ou du 'UN'?


2) est-ce que l’UN a pu/peut s’individuer?

Avant tout, j’ai souri intérieurement lorsque il m'écrit que le REAA (le rite écossais) et le RAPMM (le rite ancien et primitif égyptien) étaient différents, le premier plus charnel, le second plus spirituel. J’ai tout de suite eu en tête les mots que la ‘sage-femme’ prononça en me voyant sortir de la matrice maternelle : ‘ce sera un intellectuel’!

1) Suis-je aussi allé goûter de l’abîme entre les deux plans ?

Je ne peux pas dire que j’ai croisé l’horreur comme il a pu le faire, dans un ravin d’Algérie, avec ce hurlement d'un homme torturé qui doit marquer toute une vie. J’ai croisé la misère, insupportable, en République Démocratique du Congo, autour de Kinshasa, mais pas la violence sans nom, ‘inhumaine’ qu'il décrit souvent, et je le comprends, dans son courrier.


Etait-ce moins l’Enfer pour autant ? Je me pose la question. Je pense ici à ces hommes congolais, revenus de la guerre à la frontière du pays avec le Rwanda (le mouvement M23 était à démanteler), avec une jambe en moins, un bras en moins, faisant l’aumône dans la rue, parfois sous une pluie torrentielle comme il n’y en a peu sous notre latitude.


Les images du tympan de l’abbatiale de Conques, ou la Porte de l’Enfer de Rodin approchent assez bien ce que l’on imagine être l’enfer, à partir de telles expériences de vie.


Pour autant, je n’ai rien vécu de tel, ni dans ma propre chair, ni dans ma psyché. Les seuls véritables traumas que je connaisse, à ce stade, sont peut-être celui de ma naissance, dont je ne me souviens pas, et celui d’un accident de la route qui m’avait rendu amnésique pendant 4 heures. Pour ce qui est du trauma de ‘devoir supporter ce que nous sommes’, ce n’est que très récemment que j’ai commencé à l’appréhender, à le voir poindre. Il a pris plusieurs aspects, pour réussir à me réveiller. La mort de mon père en 1999 n’y a pas suffi, puisque même après j’étais resté dans mes nimbes, dans ma chrysalide, dans une continuité de comportements profanes. J’étais toujours ‘mort parmi les morts’, comme dirait Jésus ou le rabbin Yeshua. Il a fallu ces douleurs, cette fatigue, cette maladie (Lyme ou une somatisation) pour m’arrêter, souffler, réfléchir, méditer, ouvrir les yeux, m’ ‘éveiller’ …


Il a fallu que mon Âme, une Conscience Supérieure, mon ange gardien m’affaiblissent, pour que je retrouve le droit chemin, pour que je m’écarte de ce mode de vie de mort-vivant.


Depuis, je suis moins dans la certitude exotérique ("la science sait tout expliquer, voyons") et davantage dans l’incertitude ésotérique (qu’y suis-je ? Pourquoi ‘moi’ ?). Avant, je ne pensais pas à ma propre mort, non pas parce que je me pensais immortel, mais parce que j’étais déjà mort !


L’adage populaire (ou Raphaëlle Giordano) dit aussi : ‘Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une’...


Est-ce vraiment un trauma de devoir supporter qui nous sommes ? Pendant que mon frère FM écrivait cette lettre, mon 'beau-frère' (Jean-Pierre Gallo) en marchant me citait-il (j’aime à le croire, en tout cas) un élément de réponse ? « On passe la première partie de sa vie à se sous-estimer. Et la deuxième à s’apercevoir qu’on a surtout surestimé les autres ». La première partie de ma vie, je l’ai passée non pas à me sous-estimer, mais à surfer sur la vague de la réussite professionnelle et sociale, sous l’impulsion de la réussite au concours de l’X. La seconde partie de ma vie, qui a donc débuté récemment (voir ce que j’écris plus haut), je vais peut-être la passer à continuer de m’apercevoir que je me suis sur-estimé ! Et que donc, il va falloir maintenant arrêter de sur-vivre, de se sur-monter, ne pas chercher à devenir un sur-homme (pas au sens nietzschéen cette fois)…


Ca ne me fait pas peur et me rapproche d’ailleurs davantage de qui j’étais, avant cette ascension sociale: un simple fils d’ouvriers. Ca renforce juste la même question qui me taraude et que l'on retrouve prégnante dans la plupart de mes messages: pourquoi? Pourquoi moi ? Pourquoi avoir appris tout ça si ce n’est pas pour quelque chose ? C’est peut-être ça, mon trauma à venir : m’être formé au raisonnement scientifique, structuré, logique, 'cartésien' et me rendre compte que tout ne fonctionne pas selon le modèle ‘problème ou question’ d’un côté, ‘solution ou réponse’ de l’autre.


2) est-ce que l’UN a pu s’individuer?


Quelle transition idéale pour un esprit cartésien comme moi ?!? Vais-je plonger à nouveau dans l’abîme de certitude consistant à chercher à répondre ? Avec la prétention de croire que j’en serai même capable ? Sa question ne pouvait pas mieux ‘tomber’.


Mathématiquement, dès que l’on accepte que 1 + 1 font deux, dès que l’on accepte la création, donc l’addition, la multiplication, on est forcé de se dire que oui, l’UN se multiple aussi. La multiplication des petits pains…


Mathématiquement toujours, grâce au français Mandelbrot, on sait qu’une figure fractale est un objet mathématique qui présente une structure similaire à toutes les échelles. Il suffit de poser l’hypothèse selon laquelle le UN est aussi fractal, pour alors en déduire que nous ne sommes pas de pâles copies du UN, mais le UN lui-même à une échelle plus petite. Ce que des chercheurs-cherchants comme Nassim Haramein admettent bien volontiers, parce que ça se rapproche aussi des traditions d’Orient.


Mais que l’on procède par addition ou par zoom fractal, la (sa) question n’est pas là. Elle est bien plus difficile et aux conséquences potentiellement dramatiques !!! Le UN peut-il s’individuer ?


Individué, -ée : Qui a (reçu) un caractère distinct. Un organisme tel que celui d'un vertébré supérieur est le plus individué de tous les organismes (Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 43). « L'homme n'est pas seulement personne, c'est-à-dire subsistant spirituellement, il est aussi individu, fragment individué d'une espèce » (Maritain, Human. intégr.,1936, p. 147). « Dans toutes les civilisations historiques, l'homme nous apparaît sollicité par des tendances altruistes et des tendances égotistes. En tant qu'être individué, il est animé du désir d'accroissement et, dans ce mouvement, rencontre sur son itinéraire d'autres êtres animés du même désir » (Perroux, Écon. xxes., 1964, p. 84).

Ai-je un caractère distinct de mon bien-aimé frère? Du philosophe Jean-Pierre Dupuy, de Jean-Pierre mon père, ou de Jean-Pierre mon beau-père? Oui, assurément. Mais de qui parle-t-on dans ce cas ? Qui est ce je? Du ‘je’ corps matériel, de l’esprit ou de l’âme ? Le caractère distinct que je semble avoir relève t-il de mon ego individué et individualiste ou d’un SOI indivisible, insécable et peut-être seulement fractal ?


En tentant d’approcher la question, j’aurais tendance à me dire que le UN – le ‘JE SUIS’ – n’est pas ‘individuelisable’. Il est, c’est tout. Et il est le même à toutes les échelles. Fractal …


Par contre, le plan terrestre dans lequel il se ‘cristallise’ vient ajouter des impuretés dans le diamant et ces impuretés ont des caractères distincts, selon l’environnement, la température, la pression !!!


Le ‘UN’ véritable ne meurt pas. Il est (fractal ou pas). Ce sont les egos impurs de sa cristallisation qui meurent, qui disparaissent après un cycle de lavage, séchage. Et ce sont pourtant à ces egos-là que l’on se raccroche tant, que l’on aime tant. Pourquoi?


Parce qu’ils nous donnent plaisir comme souffrance, parce qu’ils nous donnent l’impression d’exister, d’être distincts de nos propres frères et sœurs de vie, parce qu’ils semblent donner un sens à nos vies respectives et individuelles.


L’individu 'fourmi' ou 'abeille' ou 'dauphin' n’a probablement pas eu besoin de cette impureté égotique pour être; il ne se pose la question de l'existence.


Je reboucle avec la conclusion de ma première question : et si la seconde partie de ma vie consistait à continuer de constater que je me suis sur-estimé ? Et si s’initier n’était ni ‘apprendre à mourir’ (puisqu’en tant que profane on est déjà mort parmi les morts, dixit Yeshua), ni apprendre à sur-vivre, à sur-monter, à se sur-estimer... mais apprendre à vivre !

Apprendre à vivre, c'est-à-dire apprendre à vraiment faire l’expérience (humaine) au sein d’une société d’individus non individués… Apprendre à donner, faire croître l’amour infini dans un monde fini …


Si tel est le cas, nous en sommes encore bien loin.


Et si tel est le cas, pourquoi la nature nous aurait-elle dotés d’un égo, d’impuretés, de capacités d’individuation que rapidement évidemment nous allions tourner en individualisation ? Il faut que je relise Sébastien Bohler, je crois qu’il a essayé de répondre à cette question.


 
 
 

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