Observations intimes / chapitre 2
- F. Brice Dupuy
- 14 févr. 2024
- 4 min de lecture
Ce que le voyage de la nuit m’apporte…
Comme j’ai entrepris depuis quelques jours de m’observer et de noter ce qui me passe par la tête, je commence ce matin par remarquer qu’il y a encore quelques minutes mon esprit était plongé dans un rêve, dont quelques brides me parviennent de façon très floue. Bien qu’aujourd’hui reste encore mon jour préféré, je décide de déroger au rituel du petit-déjeuner-avant-toute-chose, pour saisir le carnet, un stylo-bille et tout de suite noter : mon dernier rêve concernait un problème de mathématiques qu’il fallait modéliser puis programmer, en utilisant des interfaces programmatives toutes faites (des API) ! Quel charabia, je vous l’accorde. Heureusement mon esprit s’est éveillé depuis !

J’ai bien conscience que mon état pendant les phases du sommeil et celui lorsque je suis éveillé sont bien différents (là, c’est la conscience d’accès qui ‘parle’ !). Il est dit que l’activité intense du cerveau, lorsqu’il est éveillé, nécessite tellement d’énergie et génère tellement de déchets métaboliques qu’il ne peut pas rester indéfiniment dans un tel état d’activation. Il doit se reposer, ralentir et même effectuer un nettoyage. Ce changement d’activité est ce qu’on appelle bien-sûr le sommeil.
Au passage, je note aussi le constat suivant : le raisonnement que mon esprit vient de suivre n’est relatif ni au passé, ni au futur, mais exprime un fait qui est toujours vrai, qui n'est pas lié à un moment précis. Si la conscience phénoménologique épaissit le présent (du vécu), la conscience d’accès traite, elle, de ce qui est appelé le présent de vérité générale. Présent de vécu général pour l’une et présent de vérité générale pour l’autre !
Revenons à l’observation de ce qui s’est passé pendant mon sommeil en particulier et à la possibilité ou non d’en tirer des généralités. Dans ma démarche, viendrait donc le besoin d’introduire un troisième état de conscience pour décrire cette phase, si tant est qu’elle puisse porter le qualificatif ‘conscient’ : primo l’état conscient cognitif et fonctionnel, secundo l’état de conscience phénoménologique, et tertio ce qui se passe pendant la partie dite paradoxale du sommeil.

Pour en savoir plus, je consulte Internet : étais-je conscient pendant mon dernier sommeil ? La toile me répond : « le sommeil s'accompagne d'une réduction de notre conscience du monde extérieur et de nous-mêmes. L'équipe [] du directeur de recherche Inserm du laboratoire d'imagerie fonctionnelle a montré que, lors du sommeil lent, l'activité du cerveau se réorganise en des réseaux qui communiquent moins intensément que durant l'éveil. Le sommeil lent profond est un état durant lequel notre conscience du monde extérieur et de nous-mêmes est considérablement réduite. Pourtant, les neurones qui composent notre cerveau sont toujours très actifs lors de cette phase. La conscience n'est donc pas simplement liée à l'activité du cerveau mais plutôt à sa capacité de traiter l'information. »
Puis le couperet tombe : « nous suggérons que la modification des échanges d'informations entre régions cérébrales [pendant la phase de sommeil] diminuerait la capacité du cerveau à générer une représentation unifiée de soi et du monde extérieur ». Le niveau de conscience pendant les rêves semble donc relativement faible.
Si j’ai eu besoin d’introduire un troisième degré de conscience (le sommeil paradoxal et sa conscience p), certains chercheurs en proposent effectivement trois aussi, mais selon la classification suivante : nos trois niveaux de conscience seraient le subconscient (lors du sommeil paradoxal), le conscient et le superconscient (à l’occasion de nos intuitions ou plus généralement des moments de clarté mentale accrue) ; chaque niveau de conscience représenterait un degré différent d’intensité de conscience.
Encyclopédie : DEGRES d’INTENSITE de CONSCIENCE
Quand je fais une expérience phénoménologique consciente y (je perçois l’effet que cela fait d’être conscient) ou quand j’utilise ma conscience d’accès x, les états conscients associés sont ceux du JE. Ces états conscients ont peut-être différents degrés d’INTENSITE.
Au passage, je dépose une quatrième idée dans le vestibule des pensées à traiter un jour :
Vestibule : pensée #4
« Est-ce que la conscience phénoménologique serait aussi un état superconscient, à la clarté mentale accrue ? »
Cette réflexion en appelle un autre : je me dis que la conscience est peut-être donnée à tous, qu’elle est peut-être uniformément répartie dans l’espace, s’exerçant alors à des degrés divers en fonction du substrat qui l’a fait ex-ister[1]. Un cerveau d’être humain à l’état de veille permet certainement de libérer une intensité d’attention ou de conscience plus élevée que l’organisme primitif et sans cerveau d’une amibe, mais la faculté reste commune aux deux. A des niveaux différents[2]…
C’est alors que mon attention – à moins que ce soit JEFE - oriente mon regard extérieur vers l’éclairage de la pièce, comme pour inviter ma conscience cognitive à la comparaison qui suit : « c’est un peu comme les différentes technologies d’éclairage ; l’intensité lumineuse d’une lampe à incandescence consommant 25W est généralement de 300 lumens, alors que celle d’une LED consommant 19W peut atteindre les 1900 lumens. » C’est vrai… Et comme pour l’éclairage, une fois connu le degré d’expression de la conscience (celui de l’organisme primitif d’une amibe ou celui du cerveau de l’être humain à l’état de veille), l’intensité d’attention consciente correspondante a une valeur relativement stable. Par exemple lorsque je suis dans l’état de veille comme actuellement, je ne suis pas capable de livrer une intensité d’attention plus élevée sur une représentation mentale et moins élevée sur une autre ; je l’exerce dans les deux cas avec la même intensité.

Sur ces mots, je ressens le besoin non pas de baisser mon intensité d’attention – je ne me sens pas encore fatigué ! – mais d’orienter ma conscience sur d’autres activités mentales conscientes.
Mes observations du jour ou de la nuit
Rêve : un problème de mathématiques qu’il fallait modéliser puis programmer, en utilisant des interfaces programmatives toutes faites (des API) !
[1] Ex- ister : sortir de (ex-) l’état stable (sistere)
[2] « L'homme se situe à mi-chemin entre les âmes des plantes et les âmes des étoiles, qui sont des anges", Gustav Fechner.
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