LPdS: Toute conscience est conscience de quelque chose
- F. Brice Dupuy
- 5 mai 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 mai 2020

« Bonjour mon ami ! Alors ? Tu rêves d’une future civilisation qui va remplacer la nôtre ? D’une espèce qui viendrait même d’une autre planète ? Tu sais que tout rêve d’extraterrestres permet de lever le voile sur la partie secrète de ton esprit ? Tu tentes peut-être de t’évader d’une existence ennuyeuse ou tu vas bientôt rencontrer une personne hors du commun.
- Bonjour mon cher Thierry. J’entends donc que tu vas bien! Tu fais toujours des rêves lucides ou éveillés, n’est-ce pas? Ça vient d’où, en fait, les rêves ? Maintenant, tu le sais davantage, toi ?
- Pendant le sommeil paradoxal, le cerveau se répare automatiquement, les parties les moins exploitées de ton cerveau sont activées. Les neurones délaissés durant ta vie consciente sont stimulés. Il en ressort des souvenirs enfouis, le plus souvent des images de la journée passée, parfois des images totalement oubliées, inscrites profondément dans ta mémoire.
- Et cette réparation neuronale se fait au hasard ?
- Non, elle est guidée par ton inconscience. Durant le sommeil paradoxal, tu es totalement sourd à ton environnement, tes muscles n’ont absolument aucune activité. Le rêveur est entièrement concentré sur lui-même. C’est ton inconscient qui dirige, qui guide ton énergie intérieure vers les zones oubliées par ta conscience.
- Sauf quand on fait des rêves lucides, comme toi…
- Oui et non… Dans le cas de mes rêves lucides, je ne dirige toujours pas mon énergie intérieure de façon consciente, mais par contre, je suis conscient de l’état de conscience dans lequel je me trouve.
- C’est clair, mon ami. Merci! Et qu’est-ce que je dois penser de ce rêve récurrent, alors ?
- Bah, tu l’as compris, non? Il signifie que tu as délaissé une zone oubliée de ta conscience. Ton rêve se charge de la stimuler… On se revoit quand?»
Thierry est une personne passionnante, je pourrais l’écouter pendant des heures me raconter son interprétation des rêves, sa découverte de L’Enseignement du Bouddha de Walpola Rahula ou l’application d’un tout nouveau modèle au management de l’innovation. Nous n’en avions pas trop le temps ici.
C’est le début de soirée, je suis à nouveau à notre domicile.
«J’ai peut-être délaissé une zone de ma conscience », raconté-je à Claire. Dans ce cas, mon rêve se charge de la restimuler.
- Chaque nuit ? C’est de l’acharnement thérapeutique, du harcèlement !
- Il a surtout utilisé un mot que j’avais soigneusement évité jusqu’à présent.
- Oui, j’ai bien entendu, chéri: la conscience. Tu vas te relancer dans cette étude? Tu sais, cette quête ressemble un peu au mythe de Sisyphe, selon moi.
- Je marcherai vers le pied de la montagne, pour recommencer de zéro mon épuisante ascension. Après que la pierre est à nouveau tombée en bas de la montagne, je redescendrai d'un pas lourd mais égal, vers le tourment dont je ne connaîtrai pas la fin. Albert Camus.
-Ça ne te fait pas peur, cette recherche de sens, de clarté ? Une recherche probablement vaine, si on en croit Camus justement. Le cycle de l’absurde…
- Non, ça ne me fait pas peur. C’est ma quête à moi, elle me nourrit, elle m’enrichit, elle … me justifie.
Claire connaît la chanson. Elle ne commente pas et vient me prendre dans ses bras : « Tu es courageux ! Mon Sisyphe à moi !»
Comments