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LPdS: Où sont les Sages?

  • Photo du rédacteur: F. Brice Dupuy
    F. Brice Dupuy
  • 11 mai 2020
  • 10 min de lecture

Dernière mise à jour : 25 mai 2020





Hier soir, je me suis endormi comme un bébé! Sur cette belle image : le visage de la nouvelle espèce, celui d’individus aimants et sages.

«Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une [espèce] inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend. »
- Paul Verlaine

Ce matin, à mon réveil, j’ai la très nette impression que ce visage a été mixé dans la nuit avec celui de Cornelia, la femelle chimpanzé de ‘La Planète des singes’. Indéniablement, mes phases de sommeil paradoxal ont été l’occasion d’intenses activités cérébrales! Des extraits du film ‘La Planète…’, adapté du roman de science-fiction de Pierre Boulle, me seraient-ils revenus, comme venant de zones de la conscience qui n’avaient pas été activées depuis trop longtemps ?


Juste réveillé, toujours allongé, je regarde le visage de Claire, endormi et tourné vers moi. Un visage calme, où le chagrin n'a pas encore trop laissé de traces, où le repentir n'en gravera jamais ; un visage qui répand de la douceur sur tout ce qui l'environne. Sa chevelure blonde, défaite et bouclée, dépose ses terminaisons au gré du relief et des mouvements de la nuit. C’est le visage d’une femme connue, et que j’aime et qui m’aime / Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même / Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

Comme à l’accoutumée, le dimanche, je prépare le petit-déjeuner que nous nous autorisons à prendre au lit! Encore un petit rituel entre nous, parmi quelques autres qui ont vu le jour au fil de notre épanouissement.


En remontant avec le plateau, j’aperçois au loin, dans le salon, l’ensemble des photographies et images que j’ai sélectionnées pour accompagner ce travail. Je commencerai par elles, à l’issue du petit-déjeuner dominical.

Ainsi, je me rends compte...


Je me rends compte que, pendant sept jours, j’ai cherché la signification d’un rêve devenu finalement familier, j’ai cherché à mettre un visage sur les individus de cette espèce inconnue, peut-être appelée à remplacer l’Homo Sapiens, en m’appuyant délibérément sur des visages non humains.


Je me rends compte que, pendant ce travail, j’ai en fait cherché à mettre fin à mes certitudes et croyances, à les ‘tuer’. Saint Paul aurait écrit : «il vous faut abandonner votre premier genre de vie et dépouiller le vieil homme, qui va se corrompant au fil des convoitises décevantes, pour vous renouveler par une transformation spirituelle de votre jugement et revêtir l'Homme Nouveau… » Moi aussi, j’ai cherché à dépouiller, et même à ‘tuer’, le vieil homme en moi. Comme René Descartes pendant ses Méditations.


Je l’ai fait par trois fois, et par trois voies :

- d’une part en décortiquant l’ensemble de mes fonctions cognitives pour tenter d’y identifier un noyau, niché sous les couches psychiques reptiliennes, égotiques ou socio-culturelles ; c’est tout le travail sur les je (le je physiologique, le je émotionnel, le je mental bloqué dans des schémas, le je intellectuel qui se croit supérieur, etc.)

- d’autre part en m’ôtant les images mentales, qui associaient systématiquement la conscience et le libre arbitre à l’Homo Sapiens. Finies les images d’Epinal avec l’humanité comme stade ultime et réussi de l’évolution. Et il faut dire que les images de nos cousins les Grands Singes m’y ont beaucoup aidé ;

- enfin, en méditant, en préférant parfois laisser filer les pensées, sans m’y accrocher, pour laisser venir la sérénité, la paix intérieure.


A quoi suis-je arrivé, en ce septième jour ? Pas encore au repos[1], indubitablement ! Je pense être arrivé à ceci :

1) Je sais maintenant que mon ‘je’ est pluriel. Je le sais et j’en ai fait l’expérience. Et cette expérience est une nouvelle naissance qui permet, au-delà du savoir, de con-naître.

2) Je pense – c’est une hypothèse, et non pas une croyance -, je pense que tout être a la faculté de porter attention (à), d’être conscient de quelque chose, et de donner du sens à ce qu’il observe, à ce qu’il pose sous les feux de son projecteur conscient. Je dirais même que être, c’est précisément être cette faculté, être cette conscience (de), être cette attention (à), être la signification, le sens donné (à).

3) Et je veux croire en l’avènement d’une espèce qui sera plus résiliente, plus sage, plus spirituelle. En une Planète des Sages…

Si vous me croisez dans la rue et me demandez qui je suis, je vous répondrai évidemment que ‘je suis Brice Pascal, je suis écrivain et philosophe, je suis marié, j’habite dans la région parisienne, etc.’ et jamais je ne vous répondrai: ‘ je suis cette même faculté que toi/que vous ; je suis aussi conscience (de), attention portée (sur); je suis verbe et non pas sujet. Et il se trouve que le substrat qui me permet de ‘vivre’ cette existence, ici et maintenant, est le corps que vous voyez, avec la fonction sociale que je vous ai indiquée, avec l’attirance qu’il éprouve vis-à-vis d’un autre être (faculté, conscience...).’


Et la très bonne raison de ne pas vous répondre ainsi n’est pas parce que cette réponse est fausse, mais parce qu’elle est tellement vraie, profonde et maintenant totalement oubliée que vous prendriez peur, vous m’insulteriez de tous les noms ou vous me tueriez si votre système de croyance vous y contraint.


Cette anecdote m’a aidé à comprendre combien, de nos jours, sur la planète Terre et au XXIème siècle, il est non seulement difficile d’effectuer ce travail sur soi, et d’essayer de comprendre qui nous sommes vraiment, mais aussi d’en parler et de se dévoiler (quand on parvient un tant soit peu à mieux se connaître). Vous passez vite pour un ermite perdu et hors de son temps, ou un gourou qui cherche à dépouiller de leurs biens des individus peut-être plus fragiles, ou un franc-maçon du GO qui recrute, ou un paumé qui a peut-être trop fumé.


Et pourtant, paradoxalement, c’est là notre seule issue viable, en tant qu’espèce. Reprenons et voyons s’il y a quelque chose qui cloche :


1) comme l’homme est un animal qui descend de l’arbre et des Grands Singes, il y a de cela un million d’années pour l’Homo Erectus, il n’existe aucun Dessein Intelligent, ni d’évolution souhaitée et pilotée par une puissance divine; l’Homo Sapiens est livré à lui-même ;


2) comme il n’y a pas, à proprement parler, de caractéristiques propres à l’homme, différencier l’homme de l’animal n’a aucun fondement éthologique. Par ailleurs, affirmer que l’Homo Sapiens est l’espèce supérieure des règnes animaux et végétaux relève de l’auto-satisfecit;


3) les décisions prises consciemment par un individu de l’espèce Homo Sapiens i) sont plutôt liées à ses émotions, ii) interviennent 500 ms après l’activité cérébrale déclenchée. Le libre arbitre semble aussi être une illusion ;


4) l’humanité a fait montre d’une puissance créatrice en matière de technologie, au point néanmoins que l’individu pourrait être tenté de moins apprendre, de déléguer de plus en plus d’activités à une Intelligence Artificielle, risquant ainsi de s’abêtir, de perdre en capacité d’expression et en autonomie;


5) si un grand nombre d’individus Homo Sapiens n’ont connu, leur vie durant, que le flux interne de leurs émotions, pensées, souvenirs, besoins, anticipations, croyances et obligations sociales, ils n’auront peut-être pas réussi à exister, à réellement être. La pluralité de leurs forces intérieures, de tous ces ‘je’, aura eu le dessus sur ce qu’ils sont véritablement : le grand JE, Samadhi, ou JE-SUIS. Et si, en plus, certains Homo Sapiens, considérés comme influents, sont convaincus que l’avenir de l’humanité est dans la recherche de l’immortalité des ‘je’, l’espèce passera à côté de son rôle : permettre l’‘expérience’ de l’êtreté.

Or l’espèce est bel et bien en train de passer à côté de son rôle. Un très grand nombre d’entre nous a été élevé, éduqué dans un cadre laïc, pour une économie capitaliste, dans une société individualiste… Un très grand nombre ou la quasi-totalité ? Existent-ils ces Sages de l’espèce Homo Sapiens qui réussiraient à contrôler leurs pensées et besoins immanents? A faire davantage l’expérience de la pleine présence, de la pleine attention à quelque chose d’autre que le flot grouillant des ‘je’ pluriels ? Et sur quelle planète parviendraient-ils à vivre ? Où est cette planète des Sages ?


Permettez-moi de vous conter une histoire, celle des gardiens d’un savoir millénaire[2] :

Très peu de gens, quelques familles, ont accès à ces grottes. Elles prennent soin de ces êtres, elles peuvent communiquer avec eux. N’ont accès à ces grottes que les individus que les êtres tolèrent. Les grottes sont très difficiles à localiser, elles sont bien dissimulées, à l’abri du regard des hommes. On y trouve des forces mystérieuses, inconnues, mortelles pour certains ; elles protègent l’accès d’éventuels intrus. Si un individu en trouve l’entrée et qu’il arrive à s’y introduire, il va peu à peu commencer à se sentir mal, le malaise ira grandissant, puis il va s’effondrer, et s’il ne fait pas demi-tour, il est sûr de mourir.
 On trouve quelques récits de personnes qui ont pu y pénétrer, pour des raisons exceptionnelles.
 Une légende relate les événements suivants : Quand il y a eu une grande sécheresse en Inde au XIe siècle, un prince a entrepris un voyage vers une de ces grottes sacrées, pour consulter un homme célèbre dans la Haute Antiquité, et lui demander conseil. Beaucoup de dangers le guettaient dans la grotte : des serpents, des vrais et des mystiques, la difficulté de respirer ; des forces inconnues agissaient sur son corps et son esprit. En état de méditation, il est parvenu à entrer en contact avec l’esprit de ce grand homme. Quand celui-ci s’est rendu compte que le prince était bien intentionné et qu’il demandait de l’aide pour ses congénères, les forces hostiles se sont tues, il a pu rester.
 La grotte était immense, elle contenait douze salles séparées. Dans l’une de ces salles, le prince a trouvé le grand homme en état de samâdhi, son esprit planait dans l’espace. Son corps était desséché, mais il était vivant. Il séjournait là depuis un million six cent mille ans. Il a entrouvert les yeux. Le prince indien a commencé à s’adresser à lui en sanscrit, pour lui demander assistance. L’homme desséché lui faisait signe du regard qu’il comprenait sa requête. Il lui a montré un objet qui pendait au mur. C’était un anneau mystique. Le prince a pris l’anneau, puis il s’est dirigé vers la sortie. Dans une salle voisine, il a vu un autre homme en état de samâdhi, un prince sikh, qui était entré en état de samâdhi au V e siècle, et dont on sait qu’il est revenu à une existence normale au XVIIe siècle.
 À la sortie de la grotte, le prince est tombé nez à nez avec huit serpents. Un des serpents a fait couler une goutte de sang sur l’anneau mystique. La goutte s’est élevée dans le ciel, il s’est mis à pleuvoir.
 Un homme appelé Devendra Lowndel a pénétré dans la grotte en 1637, il y séjourne depuis en état de samâdhi. Après lui, plus personne n’est entré dans cette grotte. Un lama de la lignée Bön (un Bönpo), que Muldashev a rencontré, dit à ce propos : « Il existe, au nord du Tibet, une grotte où séjourne un homme, Moze Sal Dzyang, depuis plusieurs siècles, en état de samâdhi.
 La découverte de la dépouille d’un lama tibétain momifiée en position du lotus agite le monde scientifique et religieux. Selon les adeptes du bouddhisme tibétain, le moine retrouvé dans une grotte, enveloppé de peaux de bêtes, et dont l’état de conservation du corps étonne les scientifiques, serait en « méditation très profonde ».
 

Ces Sages ont existé et existent encore; ils furent appelés Siddhārtha Gautama, Pythagore, Platon, Confucius, Yehoshua (Jésus de Nazareth), Ibn Atta Allah (né en 1250, en Egypte), Thérèse d’Avila, Mahatma Gandhi, Nelson Mandela, Sœur Emmanuelle (née Madeleine Cinquin), sa Sainteté le 14e Dalaï Lama (Tenzin Gyatso).


Ces Sages ont fait l’expérience de l’Êtreté sur la planète Terre, c’est-à-dire l’expérience de la pleine conscience, de la pleine sérénité, de l’union et la fusion avec quelque chose de plus grand, une fois libérés du flot continu des émotions, pensées, souvenirs, craintes, croyances, obligations.


Par exemple, à côtoyer Jésus de Nazareth, ses disciples vont entrevoir qu’il y a en lui plus grand que le temple, plus grand que le sabbat, plus grand que la manne, plus grand qu‘Abraham, plus grand que Moïse et la Loi elle-même. Cela les amènera peu à peu à formuler leurs propres réponses à la question que leur posent le comportement et l’être même de Jésus : «Pour vous, qui suis-je?». Les évangiles dévoilent ces réponses formulées par les disciples. Pierre s’exclame : «le Messie, le Fils du Dieu vivant» ou encore le cri de Thomas : «mon Seigneur et mon Dieu!». A en croire même le 4ème évangile, Jésus accepte le titre proprement divin de «Maître et Seigneur» que lui donnent ses disciples.


Siddharta Gautama enseignait que “celui qui est le maître de lui-même est plus grand que celui qui est le maître du monde.”


Nelson Mandela avait pour poème favori ‘Invictus’ de William Ernest Henley :

 Dans la nuit qui m'environne,
 Dans les ténèbres qui m'enserrent,
 Je loue les Dieux qui me donnent
 Une âme à la fois noble et fière.
 
 Prisonnier de ma situation,
 Je ne veux pas me rebeller.
 Meurtri par les tribulations,
 Je suis debout bien que blessé.
 
 En ce lieu d'opprobre et de pleurs,
 Je ne vois qu'horreur et ombre.
 Les années s'annoncent sombres,
 Mais je ne connaîtrai pas la peur.
 
 Aussi étroit soit le chemin,
 Bien qu'on m'accuse et qu'on me blâme,
 Je suis le maître de mon destin,
 Le capitaine de mon âme.

La Planète des Sages n’est ni l’invention d’un auteur de Science-Fiction, ni un Olympe imaginaire dans les cieux au-dessus de la Grèce antique, ni la 10ème planète du système solaire (appelée tantôt Niburu, tantôt planète X). La Planète des Sages, si tant est qu’il n’y en est qu’une seule, est bien la nôtre, la 3ème planète du système solaire, de la galaxie ‘Voie Lactée’ au centre de laquelle se trouve un trou noir massif. Et les Sages qui ont fait l’expérience de l’Êtreté dans cette partie de l’Univers observable ne sont probablement pas tous du genre Homo et de l’espèce Sapiens. Parmi eux, il y a probablement eu aussi quelques Figuiers des Pagodes (pipal), un Pyracantha (le buisson ardent), de Grands Singes (comme la gorille Koko), de Grands Dauphins, une chatte d’Egypte (Bastet), et bien d‘autres que vous avez, vous, identifiés.

En ce jour du Soleil - jour de repos -, je suis peut-être parvenu à clore un cycle personnel, initialisé avec ‘Mon Rêve Familier’ de Paul Verlaine :

«Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une [espèce] inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.»

L’espèce qui m’était inconnue et qui serait plus résiliente que l’Homo Sapiens est une espèce, non pas au sens phylogénétique du terme, mais au sens d’une nature propre à plusieurs êtres vivants qui permet de les faire entrer dans une classe, une catégorie distincte des autres: la catégorie des Sages.

Je fais le vœu, en cette fin de belle journée dominicale, que chacun puisse remplir son propre petit tableau – mis en annexe – dans lequel chacune des situations vécues est mise en regard du ‘je’ correspondant (physiologique, émotionnel, mental, hormonal, socio-culturel, croyant, spirituel…).


Et qu’ainsi chacun finisse par savoir faire la distinction entre ‘être (pleinement) conscient de’ et ‘exécuter une action, répondre à un besoin, s’accrocher à une pensée.’


Entre ‘être’ et ‘faire’.


Entre le Grand JE’ et le ‘je’ pluriel.


Parce que là est la connaissance, là est la con-naissance, là est la re-naissance, à la mort du vieil homme ou de la vieille femme qui est en nous.






[1]Au premier jour, Dieu sépare la lumière des ténèbres. […] Au sixième jour, Dieu crée les créatures terrestres, incluant l'Homme (Adam), mâle et femelle. Le septième, Dieu se repose. [2] https://www.elishean.fr/le-grand-secret-de-lhimalaya-et-des-atlantes/

 
 
 

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